mardi 25 février 2020

Je donne une conférence sur l'histoire du rap à Boulogne et sur Booba


Oui, vous l'avez bien lu en titre je donne une conférence sur l'histoire du rap à Boulogne avec un focus sur Booba, dans le cadre du festival Chorus des Hauts-de-Seine.

Ceux qui me connaissent, savent que je ne suis pas un grand fan de B2O et que c'est très étonnant que je fasse des recherches sur cet artiste. Quand on m'a fait la proposition, avant d'accepter je me suis posé la question : « qu'est-ce que je peux trouver de positif à dire sur Booba ? »  Après de petites recherches rapides, je me suis rendu compte qu'il y avait finalement pas mal de choses positives à raconter sur le Duc de Boulogne.

Dj Junkazlou et moi donneront cette conférence, devant un groupe de jeunes en situation difficile (suivi par des structures sociales) et qui n'écoute que du rap français n'ayant pas plus de six mois. Des jeunes qui refusent de découvrir d'autres univers musicaux. Des filles et des garçons qui ne jurent que par leurs rappeurs préférés : Larry, Ninho, Niska, Zola, Dinor, Koba La D ou encore Shay...

Le but est d'essayer, à travers le parcours de Booba, de les intéresser à d'autres styles de musique, de les faire sortir un peu de leur monde où tout tourne autour de leur vie de quartier, des images clichées véhiculées par les clips qu'ils regardent ou des faits divers liés à leurs artistes favoris.

J'ai également un groupe de jeunes musiciens classique du conservatoire de Boulogne
, pas forcément fans de rap français pour la majorité, qui se joignent à nous.
Tout ce mélange promet une soirée improbable.

mardi 18 février 2020

Arrêtez de comparer le rap boombap et la trap !



Depuis quelques années, lorsque je parle de rap avec certaines personnes, je suis souvent perçu comme un extraterrestre. Une curiosité, un gars resté bloqué au Moyen-Age avec son armure de chevalier qui garderait une tour d'ivoire.
Pour certains le rap boombap n'évoque rien du tout, mais absolument rien, pour d'autres ce style est trop dépassé et mérite juste d'avoir sa place au musée. Je n'ose pas imaginer leurs réactions si je leur dis que j'écoute en plus du Blues, du Jazz, du Punk rock, de la Soul ou de la Funk, de la musique préhistorique pour eux. Bref, l'image que l'on me renvoie souvent est celle d'un passéiste, démodé, sans ouverture, un vieux con quoi. "Evolution", c'est le mot qui revient fréquemment quand je dis que la trap ou mumbling rap n'a aucun effet sur moi, que les morceaux autotunés ne sont pas agréables à mon oreille.
"Quoi t'aimes pas l'autotune ? Mec, il faut évoluer. T'es contre l'évolution du rap ou quoi ? "
C'est le genre de réflexions auquel j'ai droit, comme s'il ne fallait pas vieillir, comme si le fait d'écouter de la Trap était comme prendre un bain de Jouvence. Au début ces remarques étaient le fait de personnes plus jeunes que moi. Et puis je me suis aperçu que des gens de ma génération me faisaient les mêmes reproches ou me sortaient des excuses du type : "J'écoute ça comme un délire ou pour me tenir au courant."

Les gars, vous avez le droit d'aimer la Trap et autres morceaux autotunés. Même si je ne comprends pas ces styles, je peux aisément accepter que l'on ait des goûts différents. Arrêter de vous justifier et d'opposer vos goût au mien. Du coup, je me retrouve parfois obligé de justifier mon amour pour le rap boombap qui a aussi son lot de mauvaises productions. C'est pour cette raison que j'ai décidé de faire cet article, vous donner mes raisons une bonne fois pour toutes.

J'ai grandi avec de la musique traditionnelle africaine ou tout tourne autour du rythme, peu importe le nombre d'instruments ou parfois même seule la voix faisait office d'instrument. Bien sûre, j'ai également grandi avec de la variété (Dalida, Cloclo, Gainsbourg, Lavilliers, Les Ritas Mitsuko, Elton John, Sting, Witney Houston, Michael Jackson ...) la musique la plus facile à trouver puisque diffusée partout à la radio et à la télé. En revanche, c'est avec la soul et la funk music que je me suis forgé une identité forte dès la pré-adolescence. Des styles qui vont être la base de la musique Hip Hop, des styles ou le groove et le rythme ont une importance capitale, des styles qui te poussent facilement à la danse. Quand j'ai connu le rap c'était vraiment une musique pour faire la fête, on dansait dessus aussi bien sur des morceaux à caractère politique comme les titres de Public Enemy ou plus léger comme les titres Das EFX ou de Digital Underground, la magie qui te pousse à la danse était là. On était dans la continuité de la soul et de la funk et peu importe que derrière le sample soit un son rock ou de musique classique, il y avait toujours ce truc funky et entrainant qui te faisait plus que hocher la tête. C'est ce que j'aime et que je retrouve encore dans les productions boombap d'aujord'hui. Oui car le rap boombap n'est pas mort, il y a un tas d'artistes qui en font à travers le monde.

Quand je me suis plongé pleinement dans le rap américain d'abord, même si je ne comprenait pas forcément les paroles, j'avais capté l'importance du flow et ce peu importe les textes hardcore ou plus légers. Autre point qui fait la puissance du rap boombap et que je ne retrouve pas trop chez les quelques rappeurs actuels que je connais qui font le buzz, c'est l'utilisation des samples. Le choix des samples et la manière dont ils sont utilisés m'a toujours poussé à aller voir plus loin que le titre rap que j'écoutais et par la même occasion de découvrir d'autres genres musicaux comme le jazz, le rock, le reggae et d'en tomber amoureux.Toutes ces choses, je ne les retrouve quasiment pas chez les rappeurs Trap et autres, ce n'est pas faute d'avoir essayé.

A plusieurs reprises je me suis rendu sur des concerts de ce type d'artistes pour comprendre, mais la magie n'opérait pas, l'ambiance n'était pas magique, j'avais l'impression d'être dans un événement de musique pop, le genre de chose que l'on veut absolument éviter quand on vient de la culture Hip Hop. Bien que le côté bling bling et égocentrique aient toujours existé dans le rap que j'aime, il se faisait selon des codes que je ne perçois pas dans la scène rap dont on parle le plus. Le discours de ce rap là se rapproche plus d'une pensée de droite où les artistes sont prêts à tout pour montrer qu'ils possèdent, qu'ils pèsent comme on dit en langage de quartier.
Un discours très focalisé sur l'argent, le matériel, le côté fantasmé du baron de la drogue qui n'hésite pas à exhiber son gros flingue et de parler de son gros sexe qui enfile tout le monde. C'est marrant quand il y en a un ou deux, le problème c'est vite devenu la norme et tous font plus ou moins la même chose sur fond de musique trop emprunté à la variété du moment.

L'autotune s'étant démocratisé en 1998, grâce ou à cause du tube de la chanteuse pop Sher avec son titre "Believe", et dans la musique dite urbaine en 2008 avec T-Pain et Lil Wayne et depuis la nouvelle vague de rappeurs s'en est emparée pour ne plus jamais lâché. On assiste à des morceaux de rap et des refrains chantés avec quasiment la même voix, celle de l'autotune. J'ai bien que l'impression que le lien qui existait avec le blues et toutes les autres "black music" est mort.

Pour moi dont l'habitude est d'écouter de vrais vocalises, c'est tout simplement insupportable de constater que tous ont la même formule. Un autre point important dans le rap, c'est la voix, sa puissance et son timbre qui font l'originalité d'un rappeur , avec l'autotune c'est définitivement mort.

Pour les plus jeunes qui ne comprennent pas que je puisse écouter de la musique qui a plus de six mois d'existence et pour ceux de ma génération qui aime le rap dominant, sachez que pour moi la musique c'est une histoire de feeling, de groove, de rythme, d'authenticité où le live a toute son importance. Etre à la mode, ressembler à la masse, être moderne, pour moi ce sont de pures foutaises. S'il vous plait arrêter de comparer le rap buisness, le rap de rue, le rap game ou je ne sais quels noms vous lui donnez au rap boombap qui pour la majorité garde l'essence de la culture Hip Hop.
Je n'empêche et n'empêcherai personne d'en écouter et de l'aimer, à chacun son rap.
Peace

jeudi 13 février 2020

J'ai vu le film "Queen & Slim"


En allant au cinéma avec mes potes, je n'avais aucune info sur ce film, c'est donc devant la salle que j'ai découvert l'affiche. Une affiche parlante, mais qui ne laissait rien transparaitre de ce qui m'attendait. En sortant de la séance ma pote a fait une réflexion sur l'image et le titre qu'elle ne trouvait pas assez représentative de la claque cinématographique à laquelle nous venions d'assister. Franchement, on a trouvé ce film très fort, tant sur l'histoire que sur le plan esthétique. Du coup en sortant de la projection on a bloqué quelques minutes devant l'affiche où je me suis permis de sortir quelques sciences sur la lecture que je me faisais du titre et de la photo.
L'héroïne pose un regard appuyé sur son homme qui à l'air de beaucoup compter pour elle. Sa tenue vestimentaire laisse à penser que c'est une prostitué, vous comprendrez en voyant le film.
Le héros avec son regard perçant à l'air d'un gars qui assure, un gars sûre de lui, la main dans la poche, un coude sur la voiture très seventies qui lui appartient tout comme la fille au regard un peu admirateur. Moi qui suis un fan des films de blaxploition, j'ai toute de suite fait un lien avec le pimp (proxénète) et sa travailleuse. Le titre est venue renforcer mon propos, car souvent les proxénètes afro américains prenaient des surnoms avec le terme Slim comme Icerberg Slim rendu célèbre par ses livres, ou encore un autre pimp légendaire de la West Coast, Fillmore Slim qui apparait dans le documentaire American Pimp. Le mot Queen était lui souvent utilisé dans la communauté black pour désigner la femme que l'on respecte avant d'être détourné par les proxénètes pour désigner sa prostitué favorite ou la plus ancienne de son harem.
Si vous avez l'occasion, allez voir ce film et on en reparle après car il y a matière à discuter dessus.

Conférence hip hop : de la Old school à la New school par Somy King et DJ Junkaz Lou

 Il y a quelques jours, je donnais en compagnie de DJ Junkaz Lou , une conférence sur les débuts du rap américain de 1973 à 1983.  Cette pér...